Construit au début du  III siècle après J.-C. l’amphithéâtre d’El Jem est le dernier des grands monuments du genre (le premier de ce type datant du II siècle av. J.-C.). C’est à Thysdrus que la conception de l’amphithéâtre atteint la perfection, et il n’est plus considéré comme une simple copie du colisée de Rome, puisqu’une importante évolution et une grande amélioration ont été observées, notamment du point de vue des unités de mesure, des modes de construction et de la décoration. C’est ainsi que l’angle mort qui gênait la vue des spectateurs romains a été ramené à 5m à l’amphithéâtre d’El Jem, alors qu’il est de 7m au colisée de Rome.
En raison de son état de conservation exceptionnel, l’amphithéâtre d’El Jem est considéré comme étant le monument le plus représentatif de la puissance romaine en Afrique. C’est le résultat d’une lente maturation du savoir - faire et de l’art de bâtir à l’époque romaine. Il se distingue par des caractéristiques architecturales et artistiques les plus élaborées. Son profil particulièrement massif le distingue nettement de tous les autres édifices. C’est le résultat des épaisseurs considérables des murs et des piliers, comme à la faible saillie de l’entablement et à la prédominance des pleins sur les vides. Ces caractères massifs, imposés par la nature de la pierre - du gré dunaire - sont accentués par l’aspect austère rendu par la sobriété de son ornement.
TRAVAUX DE RESTAURATION Conscients de l’importance et de la délicatesse des actions à mettre en œuvre pour la restauration et la mise en valeur de l’amphithéâtre d’El Jem, classé sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, l’Institut National du Patrimoine et l’Agence Nationale de Mise en Valeur du Patrimoine et de la Promotion Culturelle ont décidé d’entreprendre une action d’envergure sur ce monument.
Le plan d’action en cours d’exécution avait pour objectif de mettre hors de danger le bâtiment ainsi que les visiteurs.
Les opérations entreprises accordaient une importance particulière à l’analyse de la pierre ancienne, afin de comprendre son comportement et de veiller à assurer un choix de remplacement qui doit être compatible avec les structures authentiques.
Cette analyse a été effectuée à l’aide de l’appareil ultrasons   de type « (UPV) E 49 combined Tester for Ultrasonic and rebound », ce qui a permis de mesurer la vitesse de propagation de l’onde de surface ultrasonique entre l’émetteur et le récepteur à travers l’échantillon testé. Les mesures ont été effectuées par la méthode directe sur les deux faces des échantillons. Ces résultats ont montré que plus la roche est ancienne plus le module de Young est faible. Cette roche est donc influencée par les conditions d’aération et perd de ses caractéristiques en s’altérant.
Ce travail a permis de comparer différents échantillons de pierre, à savoir, les pierres anciennes utilisées lors de la construction de l’amphithéâtre et les pierres destinées à la restauration. Cette étude a montré que , plus les pierres sont anciennes, plus leurs caractéristiques mécaniques et physiques diminuent, ce qui explique les dommages et les altérations observés sur les blocs de pierres.
L’effet d’effritement de la pierre de « Rejiche »( région de Mahdia) est accéléré sur les façades exposées aux intempéries. La hauteur importante de l’amphithéâtre (36 mètres) favorise, en fait, une forte turbulence de l’air qui génère un aspect alvéolé à la pierre ; l’effet d’érosion éolienne est visible sur l’ensemble du monument. L’observation de la pierre, à des hauteurs variables, a permis de remarquer la constance d’alvéoles sur des parements poudreux (généralement de quelques centimètres de profondeur) qui indique que le phénomène se poursuit.
Une attention particulière a été réservée au choix des pierres de restauration à utiliser, il s’agissait d’utiliser une pierre provenant de la carrière originelle de Réjiche, qui n’est plus exploitée. L’approvisionnement est désormais assuré par les carrières de Chebba et de Korba.
Les interventions : Les joints, vidés de leur mortier de pose, ont du faire l’objet d’un soin particulier. Il fallait prendre garde de ne pas endommager les arrêtes de la pierre lors de l’évidement des joints. Le remplissage a été assuré par un mortier de chaux assurant l’adhésion et la cohésion des parties fragilisées.
La restauration des voûtes est l’une des priorités, surtout quand il s’agit des secteurs faisant partie du circuit de visite.
Un travail d’énumération et de classement des voûtes abimées ou effondrées a été effectué, les travaux sont actuellement menés selon la particularité de la situation. Le cas échéant, ils seront reconstruits à l’identique selon la technique romaine.
Architecte chargé du projet :KAROUI Khaled
Illustration commentée des travaux de restauration
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Vue générale à partir de l’Arène de l’amphithéâtre d’el Jem
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Mise en place des échafaudages afin d’atteindre les point éloignés de l’amphithéâtre
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Chapiteau corinthien fracturé ayant reçu une intervention particulière permettant le collage et le colmatage des vides ayant fragilisé la structure
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Vue de dessus montrant l’allure des fractures qui sont à l’origine des déversements observés
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Imprégnation de la surface par des résines neutres afin de préparer la surface pour le collage des deux parties du chapiteau
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Imprégnation générale de la surface jusqu'à saturation et dépôt pour le séchage
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Nettoyage et collage des parties fracturées afin d’éviter les problèmes de stabilité des blocs et de permettre en même temps la pose des blocs manquants
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Technique de déplacement et de translation des blocs de pierre de taille à l’aide de palan après avoir vérifié soigneusement son attachement
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Mise en place des blocs déposés pour atteindre le chapiteau fracturé
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Le levage des blocs à partir du sol jusqu'à une hauteur de 25 mètres est assuré grâce au palan suspendu à une corde et sous le contrôle d’un ouvrier
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Manipulation prudente du palan afin d’écarter les risques et de mieux insérer le bloc dans sa position d’origine
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Etalage de liant de pose à base de chaux et insertion de blocs après nettoyage des surfaces
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Taille, équerrage el traitement de surface des blocs de pierre provenant des carrières de Chebba(proche d’el Jem)
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Manipulation des blocs à l’aide des pinces de soulèvement processive afin d’assurer un alignement avec les assises en place
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Ajustage et insertion du bloc
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Ajustage du bloc après la taille
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Restauration des surfaces affectées par l’apparition d’alvéoles sur des parements poudreux
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Allure générale de travées restaurées (entrée des visiteurs)
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Vue rapprochée montrant les différentes interventions ayant améliorées l’allure et la stabilité des blocs affectés
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Vue rapprochée montrant le traitement de la surface et des joints après les travaux de restaurations
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